La carence en choline: des conséquences pour le foie et le cerveau
La choline, souvent négligée dans les discussions sur la nutrition, joue un rôle fondamental pour le maintien de la santé du foie et du cerveau. Ce nutriment essentiel, classé comme semi-vitamine, intervient dans des processus biologiques critiques. Pourtant, 77% des hommes et 80% des femmes ménopausées ont une carence en choline, ce qui peut entraîner des problèmes de santé.
Pourquoi la choline reste méconnue ?
Contrairement à d’autres nutriments comme la vitamine C ou le fer, la choline n’a pas bénéficié d’une campagne de sensibilisation massive. Elle a été reconnue comme essentielle relativement tard, en 1998. De plus, sa présence dans des aliments controversés comme les œufs (souvent évités en raison de leur teneur en cholestérol) peut freiner sa popularité.
Cependant, les experts en santé et en nutrition plaident de plus en plus pour une prise de conscience accrue. La choline, souvent sous-estimée, mérite une place centrale dans toute discussion sur la nutrition et la santé globale.
Les trois fonctions clés de la choline
- Constituant essentiel des membranes cellulaires
La choline participe à la formation de la phosphatidylcholine, un composant clé des membranes cellulaires. Ces membranes protègent les cellules, régulent les échanges et permettent leur bon fonctionnement. Sans un apport suffisant en choline, les membranes cellulaires deviennent moins efficaces, ce qui peut altérer la santé des organes, notamment le foie. - Précurseur des neurotransmetteurs
Le cerveau utilise la choline pour produire l’acétylcholine, un neurotransmetteur crucial pour la mémoire, l’apprentissage et le contrôle musculaire. Un déficit en choline compromet la production d’acétylcholine, ce qui peut entraîner des troubles cognitifs et affecter des fonctions vitales. - Soutien à la santé hépatique par la production de bile
La choline contribue également au bon fonctionnement du foie en facilitant la production de bile, une substance qui élimine les déchets et décompose les graisses. Une carence en choline peut provoquer une accumulation de graisses dans le foie, conduisant à des troubles tels que la stéatose hépatique non alcoolique.
Les conséquences d’une carence en choline
Un apport insuffisant en choline peut entraîner une série de problèmes de santé:
- Problèmes hépatiques
Une carence peut provoquer une accumulation de graisse dans le foie, ce qui peut évoluer vers des maladies hépatiques plus graves, comme la fibrose ou la cirrhose. - Troubles neurologiques
En limitant la production d’acétylcholine, un déficit en choline peut altérer les fonctions cognitives, notamment la mémoire et l’apprentissage. Cela peut également augmenter le risque de développer des maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer. - Complications durant la grossesse
Chez les femmes enceintes, un manque de choline affecte non seulement leur santé, mais aussi celle de leur bébé. La choline est indispensable au développement cérébral du fœtus et joue un rôle dans la prévention des anomalies du tube neural.
Soutien à la santé hépatique par la production de bile
La choline est essentielle à la production de bile, une substance nécessaire pour éliminer les graisses et les toxines du foie. Un foie sain repose sur un métabolisme lipidique équilibré, et la choline joue un rôle direct dans ce processus. En facilitant l’exportation des graisses, elle prévient leur accumulation dans les cellules hépatiques, ce qui peut sinon entraîner une stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), ou « maladie du foie gras ».
Sans une quantité suffisante de choline, des troubles du foie peuvent se développer. Des études ont montré que des individus suivant un régime pauvre en choline présentaient un risque accru de dysfonctionnements hépatiques et d’inflammation chronique.
Choline et développement du bébé
La recherche a établi un lien clair entre l’apport maternel en choline et le développement cognitif du fœtus. Une étude publiée dans The FASEB Journal (2018) a révélé que des niveaux élevés de choline pendant la grossesse amélioraient les capacités cognitives des nouveau-nés. La choline participe à la formation de structures cérébrales solides et à l’établissement de circuits neuronaux robustes, des éléments clés pour un développement mental optimal.
En outre, une carence en choline chez la mère a été associée à des risques accrus d’anomalies du tube neural, notamment le spina bifida. Cela explique pourquoi de nombreux experts en nutrition recommandent un supplément de choline, surtout au cours du premier trimestre de grossesse.
Il reste encore beaucoup de recherche à faire, mais les suppléments de choline durant la grossesse pourraient avoir un impact sur les probabilités d’avoir un enfant atteint de troubles tels la schizophrénie. Outre les troubles mentaux, son rôle dans le fonctionnement du cerveau est tellement important que des études ont démontré que les enfants de mères qui ne comblaient pas leurs besoins durant la grossesse performent moins bien sur le plan cognitif, notamment aux tests de mémoire, que les enfants dont les mères comblaient leur besoins. La différence au niveau cognitif était encore significative jusqu’à l’âge de 7 ans. La choline est donc importante pour l’humeur et le fonctionnement cérébral tout au long de la vie, mais également durant la conception. Si vous pensez avoir un enfant, assurez-vous de combler vos besoins! Votre bébé en profitera autant que vous.
Choline et prévention de la maladie d’Alzheimer
Des recherches émergentes mettent également en évidence le rôle de la choline dans la prévention de la maladie d’Alzheimer et d’autres troubles neurodégénératifs. Une étude de 2019 publiée dans Molecular Psychiatry a montré que des souris supplémentées en choline avaient une mémoire améliorée et présentaient moins de signes de dégénérescence cérébrale. Ces résultats suggèrent que la choline pourrait réduire l’accumulation de plaques amyloïdes et freiner la neuroinflammation, deux facteurs clés de la maladie d’Alzheimer.
Chez les humains, bien que les données soient encore limitées, des associations prometteuses entre une consommation accrue de choline et une réduction des déclins cognitifs liés à l’âge se dessinent. L’importance de la génétique est aussi un facteur déterminant.
Pas tous égaux: l’importance de la génétique
La choline est bien plus qu’un simple nutriment : c’est un pilier fondamental pour la santé du foie et du cerveau. Ses rôles dans la formation des membranes cellulaires, la production de neurotransmetteurs et la fonction hépatique en font un allié précieux pour le corps.
Mais selon votre génétique, vous pourriez faire partie de ceux qui ont un métabolisme de la choline moins efficace, vous prédisposant encore plus à la carence en choline. Le gène PEMT, entre autres, code pour l’enzyme qui converti la choline en sa forme active, utilisable par le foie et le cerveau. Pour savoir si vous avez le variant à risque du gène PEMT, un test nutrigénomique peut vous en dire plus. Ceci pourrait contribuer à prévenir plusieurs problèmes tels les complications de la grossesse, les pierres à la vésicule biliaire et le risque d’Alzheimer. Inscrivez-vous gratuitement à l’école en ligne de Passeport Nutrition pour visionner gratuitement le NUT TALK Manger selon ses gènes pour en savoir plus!
Quels sont les apports recommandés en choline ?
Les besoins en choline varient selon l’âge, le sexe et l’état physiologique. Voici les recommandations générales établies par l’Institut de Médecine :
- Hommes adultes : 550 mg/jour
- Femmes adultes : 425 mg/jour
- Femmes enceintes : 450-550 mg/jour
- Femmes allaitantes : 550 mg/jour
Malheureusement, une grande partie de la population mondiale ne satisfait pas ces recommandations. Les changements dans les habitudes alimentaires, tels que la diminution de la consommation de produits d’origine animale, expliquent en partie cette carence.
Pour les personnes ayant des besoins élevés, comme les femmes enceintes, un supplément peut être nécessaire. Cependant, il est recommandé de consulter un professionnel de santé avant d’intégrer des compléments alimentaires.
Conclusion
Si vous êtes une femme à l’âge de la ménopause, ou un homme, surtout végétarien, il serait important de faire vérifier quelle variante du gène vous possédez car il est possible que vous ne produisez pas suffisamment de choline par vous-même. et que votre alimentation ne suffise pas. Le foie est un organe qui ne montre des signes que lorsqu’il ne lui reste que très peu de cellules fonctionnelles. Mieux vaut prévenir que guérir!
Il devient clair que la choline ne doit plus être ignorée. Adoptez une alimentation riche en choline pour protéger votre santé, aujourd’hui et celle de vos enfants à venir!
Boeke, C.E.; Gillman, M.W.; Hughes, M.D.; Rifas-Shiman, S.L.; Villamor, E.; Oken, E. Choline intake during pregnancy and child cognition at age 7 years. Am. J. Epidemiol. 2013, 177, 1338–1347