Le reflux gastro-oesophagien: peut-on dompter le dragon?
Au cours de mes 25 années de pratique, parmi toutes les raisons de consultation, aucune n’a été plus fréquente que la mauvaise digestion. Le reflux gastro-oesophagien, entre autres, est souvent invoqué. C’est un malaise répandu dans le monde, mais qui sévit encore plus sur les continents industrialisés, et en Amérique du Nord nous en sommes certainement les grands champions puisque si on divise tous les cas de reflux dans le monde, l’Amérique du Nord en remporte à elle seule 20%.
Par ailleurs, on sait que cette condition est largement sous-estimée. Plusieurs personnes souffrent de reflux gastro-oesophagien ou autre condition apparentée sans toutefois en être conscients. Bien sur, il y a bien les symptômes typiques, faciles à reconnaître, comme la sensation de brulures dans l’œsophage et les régurgitations auquel l’individu s’habitue même parfois, au point de ne plus les ressentir, mais les symptômes d’un reflux chronique sont de plus en plus diffus avec le temps. Dysphagie et voix enrouée, gêne respiratoire, nausées, douleur au thorax s’apparentant à l’angine de poitrine, la liste est longue. Il devient alors difficile de faire le lien. Il faut donc trouver la cause sous-jacente au reflux, et il y en a toujours une. Le reflux n’est pas une maladie, c’est un symptôme.
Le diagnostic est long à faire, même avec un bon médecin, car le Reflux est une manifestation fonctionnelle et donc la plupart du temps, ne laisse pas de signes visibles sur le plan anatomique. C’est quand la muqueuse est vraiment enflammée au point de former des lésions voire même des ulcères, ou encore quand le reflux décompense en hernie hiatiale, que les examens radiologiques courants permettent de diagnostiquer plus efficacement. Mais il n’est pas rare que quelqu’un souffrant de RGO passent tous ces examens, et se fasse dire que tout est ‘normal’.
Ainsi commence la valse des anti-acides et autres médicaments pour diminuer les symptômes, sans toutefois attaquer la cause.
Saviez-vous que les médicaments anti-reflux ne sont pas conçus pour être utilisés à long terme? Au-delà de trois mois, on considère le reflux réfractaire, et les risques des médicaments commencent à dépasser les bénéfices. C’est alors qu’on vous dit : Changez votre mode de vie, perdez du poids, mangez moins acide etc, habituellement tout en continuant à vous prescrire ces molécules, qui avouons-le, empoisonne votre organisme à petit feu, et créée une dépendance de votre organisme qui n’arrive plus à réguler son taux d’acidité par lui-même. Sans compter les risques plus élevés de cancers digestifs, notamment ceux de l’estomac et du pancréas, de pneumonie, d’infarctus du myocarde et j’en passe.
Pourquoi ne pas commencer par investiguer les causes reliées au mode de vie avant de prescrire? Pourquoi ne pas chercher à comprendre l’origine du problème? Vous avez probablement votre hypothèse sur la question tout autant que j’ai la mienne…cette médecine en pièce détachée ne dessert pas vraiment le meilleur intérêt du malade. Mais le but de cet article n’est pas de faire le procès de la médecine mais plutôt de vous encourager à ne pas abandonner la recherche de solutions, et à vous aider à regagner l’espoir qu’il existe des solutions naturelles aux problèmes de digestion. Il faut avant tout bien avoir identifié, parmi toutes les causes possibles, laquelle représente votre situation.
Quand on dit qu’on a des brûlures d’estomac, c’est que quelque chose ne va pas au niveau digestion. Mais le tube digestif est un circuit ouvert, interconnecté, et ce qui va mal à la fin peut certainement affecter ce qui va mal au début du circuit, et vice-versa.
Au cours de ma carrière, j’ai vu des personnes avec un diagnostic de reflux (malgré que ce ne soit pas un diagnostic en soi puisque c’est plutôt un symptôme) qui avaient des maladies sous-jacentes pas encore diagnostiquées, et facilement gérables par l’alimentation telles l’oesophagite eosinophile, l’hernie hiatale, ou encore des intolérances alimentaires encore inconnues. Et quand on trouve la cause, on règle le problème.
Le système digestif est notre connection au monde. Il arbore des milliards de bactéries. Il fait, il y a encore plus de cellules dans notre tube digestif que de cellules humaines! C’est notre deuxième cerveau. C’est le berceau de notre immunité. C’est un élément clé de la vie! Voilà pourquoi il faut bien le traiter!
En matière de reflux, les études le démontrent : les changements d’habitudes sont à court terme aussi efficaces que les médicaments, et à long terme, ils le sont nettement plus. Prenons un seul exemple : la curcumine.
A doses suffisantes, celle-ci est reconnue pour empêcher la libération de cytokines inflammatoires dans le tissu oesophagien humain. (1). Quand on la compare à un inhibiteur de la pompe à proton courant, le lansoprazole, on constate que la curcumine prévient efficacement les lésions de la muqueuse oesophagienne induites par oesophagite due au reflux. Dans certains types de reflux, elle performe même mieux que ces médicaments. Cette protection est attribuable au fait que la curcumine a un pouvoir antioxidant et anti-inflammatoire élevé (2). Cette efficacité semble s’appliquer également aux personnes atteintes de l’oesophagite de Barrett, qui est en quelque sorte la forme pré-cancéreuse du cancer de l’œsophage. Après avoir administré une dose quotidienne de 500 mg de comprimés
de curcumine pendant 7 jours, on a remarqué une augmentation de l’apoptose des tissus lésés de l’œsophage. Cela confirme un des mécanismes présumés de la curcumine sur la muqueuse digestive, celle qui est en quelque sorte un genre de vigie qui nettoie les parois de cellules potentiellement cancérigènes.
Ce n’est qu’une des nombreux exemples de molécules qui aide à gérer le reflux. Toute une panoplie de solutions complètement naturelles est à votre disposition, telles le fait d’augmenter les fibres, adopter une alimentation moins animale, prendre certains suppléments, augmenter les probiotiques, prendre des aliments plus alcalins, et même plusieurs exercices physiques et respiratoires.
En conclusion, il y a de l’espoir…on peut dompter le dragon! Mais avec beaucoup de douceur envers soi-même!