Aliments et inflammation
Article par Marie-France Lalancette, auteure-conférencière
La douleur change une vie. L’espoir qu’une personne accorde à son alimentation comme moyen de s’en sortir est parfois le dernier qu’il lui reste. Pour réduire l’inflammation, il est légitime de penser à modifier son alimentation. D’ailleurs, il existe aujourd’hui des fondements biologiques à la question de l’inflammation que l’on ne peut plus nier.
Les médicaments prescrits pour la douleur sont avalés, digérés et absorbés par la paroi intestinale. Nul ne peut ignorer leur effet anti-inflammatoire. Les aliments avalés, digérés et absorbés, quant à eux, n’ont pas la même reconnaissance en matière d’effet anti-inflammatoire, et pourtant…
Quand on parle de diète anti-inflammatoire, trop souvent, on pense à exclure. Pas de gluten, pas d’aliments cuits, encore moins de friture, pas de produits laitiers, etc. Avec la diète anti-inflammatoire stricte des premiers défendeurs de cette approche, comme le Dr Seignalet, il devient facile de tout tolérer, car il ne reste plus rien dans l’assiette. Est-ce vraiment nécessaire pour chacun? Démystifions les processus inflammatoires pour répondre à cette question.
Une forteresse bien gardée
Il existe plusieurs causes à l’inflammation. Disons simplement que puisque 60% des cellules immunitaires se situent au niveau intestinal, l’intestin est en quelque sorte le berceau de l’immunité. C’est la frontière avec le monde extérieur. Les cellules immunitaires montent la garde contre des protéines non-tolérées en produisant des anticorps qui avertiront tout l’organisme qu’un agent envahisseur attaque le fort. Les tolérances étant déterminées entre autres par les gènes, elles s’avèrent donc individuelles.
Les protéines non-tolérées sont généralement de plus grosses protéines alimentaires, comme le gliadine du blé ou la caséine du lait, mais d’autres protéines, comme celles des œufs ou du soya, ne sont pas à exclure. Une fois détectées, les protéines non-tolérées engendrent une cascade d’évènements inflammatoires, principalement via des cellules messagères, les cytokines, pour lesquelles nous avons des récepteurs un peu partout dans le corps.
Protéger contre l’envahisseur
L’inflammation due à un aliment peut donc demeurer au niveau de la barrière intestinale, ou créer des symptômes plus diffus comme une fatigue intense, des douleurs articulaires, des problèmes dermatologiques ou respiratoires. Il y a même des récepteurs de cytokines dans le cerveau. D’où la difficulté de faire des liens entre douleur et alimentation. Sans compter qu’il n’y a pas que des causes alimentaires à l’inflammation…
Comme toute bonne armée, le système immunitaire a aussi des stratégies pour nous protéger et éliminer l’envahisseur, donc cesser de laisser entrer des protéines non-tolérées ou congédier les cellules messagères qui se passent le mot pour créer la panique dans tout l’organisme. C’est ce que font les substances anti-inflammatoires, qu’elles soient synthétiques ou naturelles.
Mais pour éliminer l’envahisseur, il faut savoir de quel envahisseur il s’agit. Se battre contre un adversaire inconnu n’est pas très efficace. S’il y a effectivement des protéines non-tolérées, il faut souvent qu’un changement radical des habitudes alimentaires s’opère, mais de courte durée, pour voir des impacts sur les symptômes. Deux semaines suffisent pour trancher lorsque c’est bien fait. Une diète très simple, mais équilibrée, telle que recommandée par une nutritionniste, est composée d’aliments figurant parmi les moins souvent incriminés et permet donc de vérifier si l’origine de la souffrance est alimentaire. Il est recommandé de procéder à de tels essais seulement après avoir fait les investigations médicales appropriées pour éliminer la possibilité d’une maladie coeliaque, car ceci pourrait nuire au diagnostic.
Les personnes qui cessent de souffrir d’inflammation par des changements alimentaires n’ont généralement pas de doute, car leur qualité de vie est transformée. Ils ont identifié l’envahisseur et l’exclusion est pour ces personnes une bénédiction et non un sacrifice. Mais si l’effet bénéfique ne se fait sentir que 50% du temps, il faut continuer à chercher, c’est probablement l’effet placebo…
Intercepter les messagers de l’inflammation
L’autre stratégie visant à intercepter les cellules messagères que sont les cytokines s’effectue non pas en retirant, mais en ajoutant les trésors que la nature a prévus pour nous. Pensons aux oméga-3 qui nous font souvent défaut depuis que nous avons abandonné les aliments d’origine marine. Manger plus de poissons gras, riches en omega-3, comme le saumon et les sardines se veut une bonne stratégie de départ.
On peut aussi utiliser plus régulièrement les épices, comme le curcuma, le gingembre, la cannelle; les fines herbes telles que romarin, basilic, origan, thym et intégrer des fruits et légumes frais, particulièrement les crucifères aux propriétés anti-inflammatoires : brocoli, chou, chou-fleur, chou kale. La recherche sur les aliments anti-inflammatoires est d’ailleurs, un domaine en pleine effervescence. Plusieurs joyaux alimentaires représentent le coup de grâce pour enrayer la cascade menant à la production des cytokines.
Opération prévention
Il faut avoir souffert pour comprendre ceux qui souffrent et comment l’impuissance est le pire ennemi à la guérison. Reprendre le pouvoir sur sa condition est souvent une étape importante. Le fait que ce soit la personne elle-même qui apporte des changements à son alimentation pour s’en sortir lui permet souvent de réintégrer une routine alimentaire qu’elle avait perdue lorsque la douleur prenait le dessus.
Quand l’inflammation lève le drapeau blanc, vive la prévention! Récréer une garnison plus forte avant l’entrée des envahisseurs peut être effectué grâce d’une flore intestinale plus saine. Les bactéries bénéfiques créent ici une diversion importante afin que les protéines non-tolérées qui auraient pu s’infiltrer passent leur chemin. Pour une meilleure tolérance, il peut être pertinent d’ajouter des probiotiques pour mieux gérer l’inflammation liée aux phénomènes intestinaux. Le microbiote est réellement beaucoup plus impliqué qu’on le pense en ce qui a trait à l’inflammation. Ces petites bactéries sont un organe en soi qui joue sans contredit un rôle de protection contre l’inflammation!
Gagner en force et en santé
L’alimentation anti-inflammatoire, pour porter fruit, doit combler les besoins. Les conseils venant de toute part font que la plupart des gens ne comprennent pas vraiment ce qu’ils font et en viennent à des conclusions erronées. Mais par une procédure judicieusement établie, il devient possible de mettre en place une stratégie pour que notre organisme gagne en force et en santé.
Parmi ces stratégies, en voici quelques unes faciles à mettre en pratique:
Découvrez les aliments riches en Oméga 3: Saumon, sardine, truite, maquereau, noix de Grenoble, graines de lin, huile d’olive, l’huile de canola, algues…
Relevez vos plats: Curcuma, gingembre, cannelle, romarin, basilic, origan, thym
Mangez coloré:Fruits et légumes frais tels les crucifères : brocoli, chou, chou-fleur, chou kale…les légumes colorés contiennent des pigments qui sont en fait des composés de a famille des flavonoides, qui agissent directement sur la cascade inflammatoire. En plus d’être savoureux, ils travaillent pour nous!
Il y a une panoplie d’autres stratégies, toutes aussi savoureuses les unes que les autres. Mettez du piquant dans votre vie…joignez l’utile à l’agréable!
Pour en savoir plus: Alimentation et Inflammation: conseils et parcours d’une nutritionniste arthritique, aux Editions Le Dauphin Blanc
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