Le droit au plaisir
Article par Nathalie Tousignant, Nutritionniste
Dans plusieurs cultures, l’héritage qui nous a été transmis par nos ancêtres, indique que le plaisir n’est pas bien, qu’il ne faut surtout pas trop profiter de la vie. En fait, tout ce qui apporte du plaisir à nos vies est, à un certain degré, réprimé, voir puni. Par exemple, pour la société judéo-chrétienne, certains des plaisirs de la vie sont inclus dans plusieurs des péchés capitaux. Ainsi, abuser de la bonne table, c’est de la gourmandise, se trouver belle et se pomponner, c’est de la vanité, alors que profiter de sa sexualité, c’est de la luxure et enfin aimer l’argent, c’est de l’avarice.
Les valeurs qui nous ont été transmises par les générations passées, tel que, ce qui est considéré comme bien ou mal, restent souvent bien ancrées dans nos mentalités indépendamment de nos croyances religieuses.
Il y a aussi des valeurs sur la question du genre ; il est très fréquent que les femmes, particulièrement les mamans, se sentent coupables de se faire plaisir, de prendre du temps pour elles. Prenez du temps avec votre mari, loin de vos enfants et vous vous sentirez égoïste.
Nous avons le don de renier le droit de nous faire plaisir, alors que le plaisir est ce que l’on ressent quand on satisfait un besoin. On peut donc accumuler, de cette façon, beaucoup de besoins insatisfaits pour le bonheur des autres, qui à leurs tours, eux aussi, se privent de combler leurs besoins pour les autres. Beaucoup de personnes sont frustrées de ne pas avoir de temps pour elles et les émotions négatives engendrées peuvent amener certaines à se tourner vers la nourriture en compensation. Combien de fois, ai-je entendu : « Manger est mon seul plaisir ». Quand il y a peu de plaisir dans notre vie, aller chercher de la satisfaction avec les plaisirs alimentaires, est facile et accessible.
À ces personnes, je réponds qu’elles doivent se donner le droit au plaisir dans leur vie en général, si elles espèrent un jour se départir de cette relation conflictuelle avec la nourriture. Si elles considèrent qu’elles mangent trop et que cette habitude est devenue une difficulté, elles doivent retourner à la source du problème : le manque de plaisir, ou des besoins non-comblés. Elles doivent réapprendre à être à l’écoute de leurs besoins et à y répondre. Ainsi, le plaisir de manger sera UN plaisir parmi d’autres. L’équilibre de leur consommation alimentaire aura alors beaucoup plus de chance de se concrétiser.
La même dynamique existe chez cette autre personne qui se dit être un « bon vivant » pour justifier son habitude de dépasser les limites de sa satiété. Une personne qui est incapable de laisser passer un plaisir alimentaire malgré qu’elle n’ait plus faim, se révèle souvent être une personne qui n’a pas suffisamment de sources de plaisirs non-alimentaires dans sa vie.
Quand on a pris l’habitude, depuis des années, d’utiliser les plaisirs alimentaires pour pallier à l’insuffisance de plaisirs non-alimentaires, retrouver une relation saine avec la nourriture nécessite plus de travail puisque souvent, les autres centres d’intérêts n’ont pas été développés. On se retrouve dans une situation où on ne sait même plus ce qu’on aime vraiment.
De telles remises en question peuvent être très douloureuses. Une fois qu’on a réalisé qu’on n’a pas vraiment vécu pour soi, il y a toute une structure à rebâtir. C’est comme si on se rendait compte qu’on a bâti sa maison avec une fondation inadéquate, ou sur de la glaise. On peut essayer de colmater, de réparer, mais tôt ou tard il va falloir tout démolir et reconstruire la fondation pour que la maison soit enfin solide.
La vie que l’on s’est construite pendant tout ce temps, n’est peut-être pas du tout compatible avec les découvertes que la remise en question nous aura permis de faire. Il y a un grand ménage à faire dans une telle vie, bâtie complètement en parallèle de ses propres intérêts personnels. On doit jeter à la poubelle ce qui n’est pas vraiment nous et faire de la place à sa vraie nature.
Quand on aborde le comportement alimentaire d’une personne, on s’avance toujours en terrain épineux. C’est comme ouvrir une boîte de Pandore ! On ne peut pas isoler complètement les problèmes alimentaires d’une personne de ses autres problèmes personnels. La nourriture est centrale dans notre vie. L’acte de manger est imprégné d’émotions, de souvenirs, d’expériences. La première chose que nous apprenons quand nous naissons, c’est de manger. La relation avec la nourriture s’apprend et, le comportement alimentaire dépend du sens que nous apprenons à donner aux aliments lorsque nous sommes tout petits, selon les règles de notre propre environnement.
Travailler sur sa relation avec les aliments dépasse largement le contenu de l’assiette. Ne soyez donc pas surprise si votre nutritionniste vous pose toutes sortes de questions, qui ne semblent pas être reliées entre elles, ni à l’alimentation. Ainsi, votre nutritionniste sera plus en mesure de vous aider en comprenant mieux l’origine de votre difficulté.
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