Devenir un mangeur conscient, est-ce possible…la suite!
Marie-Josée Rainville, nutritionniste
Vous arrive-t-il de penser que vous n’avez pas la ‘switch’ qu’il faut pour cesser de manger quand vous n’avez plus faim? Quand vous mangez, êtes-vous constamment en train de rationaliser, de juger votre apport ou de dialoguer avec votre petite voix intérieure, ou au contraire, êtes-vous serein et détendu? Si votre relation avec les aliments est plutôt ‘tortueuse’, voici quelques principes qui vous aideront à rendre votre alimentation plus intuitive.
Parmi les principes de base de l’alimentation intuitive, un principe très important est premièrement de rejeter la mentalité des diètes amaigrissantes qui crée de faux espoirs. Plus facile à dire qu’à faire vous direz, dans cette société de performance! Il faut pourtant cesser de croire que les régimes sont nos alliés de la perte de poids. Il est bien documenté qu’au contraire, ils mènent à la prise de poids, aux débordements alimentaires, à l’obsession et à une faible estime de soi. 95 % des gens qui ont perdus du poids le reprennent après quelques années, et du 5 % qui réussi à maintenir la perte de poids, 3/4 d’entres eux auraient développer un trouble alimentaire. Apprendre à manger quand on a faim, cesser de manger lorsque nous sommes satisfaits, voilà la meilleure manière de maintenir notre poids génétique.
Comme deuxième principe, vous pouvez commencer à honorer votre faim lorsqu’elle est modérée. (Et non pas insupportable!). Lorsque nous voulons perdre du poids, la tendance est de vouloir s’affamer. Cette idée que nous ne pouvons perdre du poids que lorsque notre corps crie famine est fausse et néfaste pour la perte de poids à long terme. Notre corps a besoin de nourriture pour fonctionner adéquatement. Si nous l’affamons, il est possible qu’il y ait une perte de poids au début, mais cette dernière sera vite freinée par la diminution du métabolisme qui suit une période de restriction calorique. De plus, le corps réagit aussi en augmentant la faim. L’instinct de survie est fort et nous poussera immanquablement à manger un jour où l’autre. Et croyez-moi, quand on recommence à manger, ce n’est pas avec parcimonie! Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est que l’écoute de la faim modérée permet d’être en mesure d’arrêter de manger quand on est satisfait. Si nous avons trop faim avant de commencer à manger, la tendance sera de manger vite et de manger trop. C’est comme un retour de balancier : plus j’ai faim avant de manger, plus de vais manger de grande quantité. Apprendre à honorer sa faim moyenne, c’est donc se donner la chance d’apprendre à reconnaitre la sensation de rassasiement (on en parle avec le principe 5) en plus d’honorer les besoins de notre corps.
Troisièment, croyez-le ou non, mais se permettre de manger tous les aliments souhaités favorise une saine relation avec la nourriture. L’être humain est attiré par l’interdit, c’est bien connu! L’interdiction de manger certains aliments mène souvent à leur surconsommation. J’appelle cela le syndrome du dernier repas, le sentiment du « c’est maintenant ou jamais ». La faim n’est pas souvent au rendez-vous lorsque nous mangeons ces aliments, il s’agit plutôt d’une pulsion à manger. D’une sensation de perte de contrôle. Contrairement à la pensée populaire, ce n’est pas « plus de contrôle » qu’il faut pour cesser les débordements liés à ces aliments. C’est plutôt d’apprendre à manger de tous les aliments, sans culpabilité. C’est se donner la chance de recommencer à sentir les signaux de faim et de rassasiement avec nos aliments tabous. C’est les placer sur le même pied d’égalité que d’autres aliments aimés. Pourquoi? Parce que si nous sommes convaincus que nous avons le droit de manger ces aliments, qu’ils seront au menu la prochaine fois que nous en avons envie, alors il est possible de laisser aller les dernières bouchées lorsque le rassasiement se fait sentir. Après tout, il y en aura d’autres plus tard!
Quatrièmement, l’alimentation intuitive requiert que l’on cesse de catégoriser les aliments comme étant « bons » ou « mauvais. Ce principe fait en quelque sorte suite à la logique du principe précédent. Si l’on veut arriver à se donner le droit de manger tous les aliments, il faut arrêter de voir l’alimentation en noir ou blanc. Bien manger ne se résume pas juste au contenu de l’assiette. Le plaisir, la variété, la santé psychologique, les comportements alimentaires intuitifs ainsi que l’écoute des signaux font aussi partie de la saine alimentation. Je dis souvent à mes clients que nous travaillons à remplacer les catégories « bons » ou « mauvais » par « j’aime » ou « je n’aime pas ». Ainsi, même si j’aime beaucoup le saumon fumé, je n’ai pas envie d’en manger tous les jours. C’est la même chose pour le chocolat, les chips, la salade et les frites. Il n’est pas rare que des clients me reviennent en me disant qu’en arrêtant de penser aux aliments comme étant « bons » ou « mauvais, ils ont recommencé à goûter tous les aliments. Il arrive même que, oh surprise, ils se rendent compte qu’ils n’aiment pas certains aliments interdits qu’ils ont pourtant mangés à outrance. Oui certains aliments ont une meilleure qualité nutritionnelle que d’autres, mais c’est l’ensemble de ce que nous mangeons et la manière dont nous les mangeons qui importent en fin de compte. Je peux aussi vous dire que nous entretenons beaucoup de fausses croyances face aux aliments (Ex. : le sucre est le démon, le pain fait engraisser, tout ce qui est mangé après 19h00 est stocké, etc.). Malheureusement, ces fausses croyances alimentent à tort notre vision dichotomique des aliments et nous poussent souvent à manger trop de ces aliments lorsque nous perdons la « bataille » du contrôle alimentaire.
Aucun aliment à lui seul n’a la capacité de détruire notre santé, de nous faire engraisser ou, à l’inverse, de combler tous nos besoins. Le corps humain a besoin d’une variété d’aliments pour être en santé. Le cerveau humain a besoin de plaisir pour être satisfait. Une salade mangée par dépit n’est pas plus santé qu’un cornet de crème glacée dégusté en famille par un bel après-midi d’été. De toute façon, si nous avons mangé la salade alors que ce que nous voulions vraiment c’est la crème glacée, les chances sont bonnes que, finalement, on mange les deux et qu’on en mange trop !
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