Manger moins de boeuf?
Article par Julie Bolduc, nutritionniste
Changeons nos traditions!
Le bœuf, ce cher dépanneur, était, autrefois, le premier choix des québécois et composait la majorité de nos plats. Et pour plusieurs, il est encore à la base des menus hebdomadaires comme source de protéines. En effet, il constitue quand même le point de départ de nos traditionnels plats québécois : pâté chinois, macaroni à la viande, spaghetti, pain de viande, lasagne, hamburger, fondue chinoise, sans compter le fameux pâté à la viande et les nombreuses recettes sur le barbecue. Pour des repas rapides, le bœuf (haché surtout) est un classique. Il demeure aussi un incontournable de plusieurs grands restaurants, que ce soit en filet mignon, en bavette ou servi en surf and turf. Bref, le bœuf occupe encore une grande place au sein de notre alimentation.
De moins en moins abordable
Depuis quelques années, les prix du bœuf sous toutes ses formes ne cesse d’augmenter. Le porc est maintenant beaucoup moins cher et, bien souvent, la viande chevaline est également moins dispendieuse. Pour ceux et celles qui s’en tiennent aux classiques québécois, il en coûte de plus en plus cher pour les cuisiner.
En plus de son coût augmenté, on réalise également que le bœuf a des effets néfastes sur notre santé. Tout d’abord, il renferme des gras saturés qui ont un impact négatif sur la santé cardiaque. Plus la coupe de viande est grasse, par exemple le bœuf haché régulier ou le mi-maigre, plus la teneur en gras saturés est importante. De plus, le bœuf, tout comme les autres viandes rouges, semble être relié à l’augmentation de certains types de cancers dont notamment le cancer colorectal et celui de l’estomac.
Combien de boeuf consommer?
Afin de réduire les risques, la Société Canadienne du Cancer recommande de limiter la consommation de viande rouge (bœuf, porc, agneaux, chèvre et veau) à 3 portions par semaine. 1 portion équivaut à 2 ½ onces ou 75g soit environ un jeu de cartes. C’est donc dire qu’il faut revoir notre menu hebdomadaire afin d’y intégrer une plus grande variété et réserver la viande rouge aux occasions spéciales.
Comment faire pour y arriver?
Varier les sources de protéines à chaque repas. Mon truc incontournable pour le faire : élaborer un canevas de base pour la semaine en commençant avec mes sources de protéines, je peux donc ainsi déterminer à l’avance le nombre de repas de chacune des sources de protéines en fonction de mes objectifs. Que ce soit augmenter la consommation de légumineuses, manger 3 repas de poissons par semaine, réduire la viande rouge ou intégrer le tofu, c’est facile de s’y retrouver avec cette méthode.
Voici un exemple:
Un autre truc pour réduire sa consommation de viande rouge consiste à la remplacer, en partie, par du tofu, des légumineuses ou même de l’avoine dans vos recettes. Personnellement, les lentilles ont la cote chez nous! Pour les passer incognito, j’utilise les lentilles brunes ou vertes en conserve que je rince abondamment (pour qu’elles causent moins de gaz) et je les écrase grossièrement au pilon à patate. Le but n’est pas d’avoir une purée de lentilles, mais d’obtenir un résultat qui ressemble au steak haché. Ensuite, je les mélange au bœuf haché vers la fin de la cuisson et je peux ainsi les passer presque partout. J’ai réussi à passer « le détecteur à tofu/légumineuses » qu’est mon chum! (Comme il n’aime pas particulièrement, il a la mauvaise habitude de les détecter très facilement dans mes tests de recette). Mais il est quand même devenu un adepte invétéré de ma sauce à spaghetti… Et quand vient le temps de faire un pain de viande ou des boulettes, j’ajoute à ma préparation une bonne quantité d’avoine grossièrement moulue (ou de son d’avoine selon ce que j’ai sous la main) ainsi qu’un peu de lait en poudre. L’avoine permet de diminuer la quantité de viande utilisée et d’ajouter des fibres tandis que le lait en poudre donne une texture plus moelleuse. Essayez-le, vous verrez, vos boulettes prendront une toute nouvelle twist!
Les arguments écologiques
Je vous ai parlé du coût et des impacts négatifs pour la santé, mais vous n’êtes toujours pas convaincu que réduire votre consommation de bœuf serait bénéfique pour vous? Alors peut-être serez-vous sensible à l’argument écologique? Car en plus de ces effets sur notre santé, le bœuf est également un très grand consommateur d’eau.
Effectivement, la production d’un kilo de bœuf requiert l’utilisation de 15 000 litres d’eau, ce qui est plus que les autres viandes rouges, les viandes blanches (poulet, dinde, etc.) et beaucoup plus que les fruits, légumes et légumineuses.
Quand on y pense, c’est une raison supplémentaire pour diminuer notre consommation de bœuf et augmenter notre consommation de légumineuses. En plus des bienfaits sur notre santé, il ne faut pas négliger ceux sur notre environnement !