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10 faits concrets sur l’allaitement

Article par Sophie Morel, nutritionniste

Vous voulez le meilleur pour votre bébé ? Vous avez entendu que l’allaitement est ce qu’il y a de mieux pour votre bébé ? Qu’en est-il vraiment ? Au-delà des superlatifs et des idées reçues, je vous présente des faits concrets concernant ce liquide vivant et sa fascinante production.

1. Le lait humain est faible en protéines

Le bébé humain nait complet, mais immature. Ses reins et son foie ne sont pas en mesure de gérer de grandes quantités de protéines. C’est pourquoi le lait humain en contient relativement peu. Ne vous en faite pas, elles ont une haute valeur biologique! Autre fait intéressant, 50 à 80% des protéines du lait maternel se présentent sous forme de lactosérum. C’est cela qui donne une couleur un peu bleutée au lait et qui le rend si digeste. Même en faible concentration, les protéines jouent de nombreux rôles. Elles fournissent entre autre des acides aminés essentiels pour la croissance, des facteurs de protection immunologiques et des facteurs de croissance.

2. Le lait humain est riche en lactose

Le lactose est le principal glucide contenu dans le lait maternel. Une de ses fonctions est de fournir l’énergie nécessaire à la croissance rapide du cerveau. Pour que la tête puisse franchir le périnée, le bébé nait avant que le cerveau soit pleinement développé. Ce dernier va tripler en grosseur au courant des 2 premières années pour attendre 80% de sa taille finale. Impressionnant n’est-ce pas ? En plus de fournir de l’énergie au corps et au cerveau, le lactose contribue à l’absorption du calcium et du fer.

3. Le lait maternel favorise les bonnes bactéries

Le système immunitaire d’un nouveau-né est complet, mais très immature. Heureusement, les composés présents dans le lait maternel fournissent la protection nécessaire pendant les premiers mois de vie. Dès la naissance, le nouveau-né entre en contact avec la flore microbienne normale de sa mère et de son entourage. Sa peau et son intestin sont rapidement colonisés par les bactéries présentes dans son environnement. Le lait maternel peut influencer le processus de colonisation et favoriser la croissance d’une flore bactérienne protectrice. Cette dernière est principalement composée de bifidobactéries et de lactobacilles (oui, oui… comme les probiotiques dans le yogourt!). En bonus, le lait maternel contient des prébiotiques pour nourrir cette flore. Apparemment, rien n’est laissé au hasard…

4. Le lait humain est riche en nutriments essentiels

Tous les vitamines et minéraux essentiels pour la croissance et le développement du nouveau-né sont présents dans le lait maternel. Dans la majorité des cas, cela suffira à combler les besoins jusqu’à 6 mois. Pour certains, la concentration peut être influencée par l’alimentation de la mère (vitamine A, vitamines du complexe B et iode par exemple). Pour d’autres cela n’a que peu d’impact (citons le cuivre, le fer et le zinc). Dans le cas de la vitamine D, les réserves du bébé, accumulées pendant la grossesse s’épuisent après 2 mois s’il n’y a pas d’exposition au soleil. D’où la recommandation de supplémenter les bébés dans notre pays nordique! Pour ce qui est de la vitamine K, la quantité varie selon l’alimentation de la mère et est souvent insuffisante pour les grands besoins du nouveau-né. C’est pourquoi il est d’usage d’en donner une injection à la naissance afin de prévenir l’hémorragie du nouveau-né. Les niveaux dans le lait maternel sont ensuite suffisants pour combler les besoins.

5. Le lait maternel contient des centaines de composants

En plus des nutriments essentiels, des pré- et des probiotiques, il contient une foule de composants non-nutritifs aux fonctions multiples. Pour n’en nomme que quelques unes : transport d’hormones, de vitamines et de minéraux, activités enzymatiques, facteurs de croissance, antimicrobien, anti-hypertenseur, anti-trombotique, opioïde, protection immunologique… De nouveaux composants et de nouvelles fonctions restent encore à découvrir! Difficile à imiter, n’est-ce pas ?

6. Il y a des risques à ne pas être allaité

Il n’est pas anodin pour un nourrisson de recevoir autre chose que ce que la nature a prévu pour lui. Le lait maternel offre une protection à court et à long terme et les effets de l’allaitement restent au-delà de sa durée. Pour le bébé, ne pas être allaité dans les 6 premiers mois de vie augmente significativement les risques de troubles aigus comme la diarrhée, l’entérocolite nécrosante (pour les prématurés), la septicémie, la méningite, les troubles respiratoires, les otites, les infections des voies urinaires et le syndrome de mort subite du nourrisson. À plus long terme, c’est les risques de maladies chroniques qui augmentent : diabète de type 1 et 2, maladie cœliaque, maladies inflammatoires de l’intestin, obésité, troubles respiratoires, sclérose en plaque, cancers infantiles et allergies. Le non-allaitement peut aussi affecter le développement intellectuel et favoriser les anomalies dentaires.

7. Il y a aussi des risques à ne pas allaiter

Ce fait moins connu est de plus en plus étudié. En effet, l’allaitement n’a pas un impact seulement sur le nourrisson, mais aussi sur la santé de sa mère. Ne pas allaiter à des effets à court et à long terme. Il est de plus en plus démontré que cela augmente les risques de déficience en fer et d’anémie en post-natal, de cancer du sein en pré-ménopause, de cancer des ovaires, du diabète de type 2 et du syndrome métabolique. Il peut être plus difficile pour une femme qui n’allaite pas de reperdre le poids gagné pendant la grossesse. Intéressant à savoir, le retour des menstruations se produit en moyenne après 6 semaines chez les femmes qui n’allaitent pas contrairement à 6 ou 7 mois chez celles qui allaitent. Le risque de grossesses rapprochées est donc augmenté.

8. Le volume de lait produit demeure stable pendant des mois

À partir de 1 mois et jusqu’à au moins 6 mois, le volume produit sur 24 heures demeure stable chez une femme qui allaite exclusivement. Le volume moyen est de 780 mL (26 onces) et peut varier de 475 à 1350 mL (16 à 45 onces) d’une mère à l’autre ! À mesure que le système digestif du bébé se développe et mature, les composants du lait maternel sont de mieux en mieux digérés et absorbés. Les quantités bues n’ont donc pas à augmenter pour soutenir la croissance. C’est plutôt la durée et la fréquence des boires qui va varier. Vers 6 mois, le lait seul ne suffit plus et les aliments complémentaires peuvent être introduits. Il faut souvent attendre jusqu’à 9 mois pour voir une diminution dans la quantité de lait maternel bue et un changement dans la production.

9. Le volume de lait produit ne dépend pas de la taille des seins

Contrairement à la croyance populaire, la taille ou la forme des seins a peu d’influence sur la capacité de production de lait maternel. La quantité de lait produite dépend davantage de la demande du bébé, de la fréquence des tétées et de la qualité de la succion. Pour établir une bonne production, il est essentiel que le bébé tète fréquemment et efficacement. Plus les seins vont être vidés fréquemment et rapidement, plus ils vont se remplir. C’est ce qui fait en sorte qu’une femme peut allaiter des jumeaux et même des triplés ! Fait intéressant, la production dans chaque sein est indépendante. Il n’est pas rare qu’un sein produise plus que l’autre et certaine femme n’allaite que d’un côté.

10. La sensation de plénitude est influencée par la concentration en gras

Le gras est le composé le plus variable du lait humain et sa concentration est inversement reliée à la sensation de plénitude des seins. Donc, plus le lait est gras, plus il est dense et moins il contient d’eau. Au réveil, la concentration est à son plus faible et les seins sont souvent très pleins. En soirée, la concentration est souvent à son plus haut, d’où la sensation que les seins sont plus vides. Le bébé reçoit un volume plus petit, mais autant sinon plus de calories qu’à d’autres moments. On observe le même phénomène au cours d’une tétée : au début le lait est moins riche en gras et plus abondant. Plus la tétée progresse et plus le lait devient dense. Au final, le gras fournit environ 50% de l’énergie que le bébé reçoit par le lait maternel dans une journée. Il est essentiel au développement de la rétine, des neurones et supporte le développement du système immunitaire. L’alimentation de la mère pendant la grossesse et l’allaitement n’a pas d’influence sur la teneur total en gras du lait maternel. Cependant, cela peut influence le type d’acides gras qu’on y retrouve. C’est pourquoi les femmes enceintes et celles qui allaitent sont encouragées à se nourrir sainement.

Sans porter de jugement sur ceux qui choisissent une autre option, il faut garder en tête que l’allaitement maternel représente la norme biologique.
Il est spécifique à l’espèce, c’est-à-dire que la mère produit un lait qui est adapté aux besoins de son bébé pour sa croissance et son développement. Pour conclure, je vous laisse sur cette citation amusante :

« Une paire de glandes mammaires substantielles a l’avantage sur les deux hémisphères du cerveau du professeur le plus savant dans l’art de composer un liquide nutritif pour les nourrissons » – Traduction libre d’une citation d’Oliver Wendell Holmes, médecin américain (1809-1894)

 

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