Autisme et alimentation de la mère avant même la conception
L’autisme est une façon d’être. On ne la soigne pas, on l’accepte! Mais c’est une condition complexe et les études nous démontrent de plus en plus que notre mode de vie est en cause, pas seulement la génétique. Il semblerait que cela se joue avant même la conception, à travers la nutrition de la mère et que l’autisme et l’alimentation, avant même la conception, sont indissociable.
L’étude CHARGE: Une étude sur les causes de l’autisme
L’étude CHARGE (Childhood Autism Risks from Genetics and the Environment), fut la première étude des causes environnementales et facteurs de risques de l’autisme. Lancée en 2003, elle se poursuit encore aujourd’hui. Aucun évènement ou exposition ne peut à lui seul en expliquer les causes, ou l’augmentation en flèche de son incidence durant les dernières décennies. Néamoins, cette étude nous a permis de reconnaître à quel point l’autisme est multifactoriel, et à quel point autisme et alimentation vont de pair. Nous savons maintenant que le chemin vers les processus de développement altérés menant à l’autisme sont différents d’un enfant à l’autre.
L’étude CHARGE (1) a mis en évidence qu’une certaine combinaison de gènes jumelée avec la non-utilisation de suppléments prénataux en période de pré-conception, conduisait à une risque 7 fois plus élevé de mettre au monde un enfant autiste. Et ce n’était pas seulement les gènes de la mère, mais également ceux du bébé qui pouvaient être impliqués.
L’acide folique: un facteur de prévention important
D’autres études, dont une publiée dans le Journal of the American Medical Association, suggère qu’il y a des données probantes croissantes à l’effet que l’acide folique prise en pré-conception réduise significativement les risques d’autisme.(2) Une autre étude américaine a été conduite à partir de populations norvégiennes (les aliments ne sont pas fortifiés en acide folique au Norvège). Elle comprenait 85 000 enfants, a constaté que le fait de supplémenter en acide folique sur une période s’étalant de 4 semaines préconception à 8 semaines post-conception diminuait le risque d’autisme de 39%. Après le premier mois de grossesse, les bénéfices s’estompaient.
Acide folique et développement neurologique
On voit également des associations positives entre les suppléments prénataux et l’incidence du retard de langage, ainsi que le spina bifida. Ces travaux confirment le rôle significatif de l’acide folique dans le développement neurologique. Les suppléments prénataux devraient-ils être rebaptisés pour devenir des suppléments pré-conception? L’acide folique, retrouvée dans les légumes feuillus, les pois, légumineuses, oranges, oeufs et le foie, n’est pas une vitamine pour lequel il existe d’excellentes sources concentrées dans un seul groupe, comme c’est le cas du calcium par exemple, ou du fer, ou des vitamines du complexe B. C’est une des raisons pourquoi la farine est enrichie en acide folique en Amérique du Nord.
Une affaire de gènes?
Ces conclusions nous encouragent également à porter une plus grande attention à l’apport en acide folique des enfants autistes eux-mêmes, puisque ceux-ci sont également plus à risques de carences en ce nutriment, car ils sont plus nombreux à être porteurs d’une mutation du gène de la MTHFR, codant pour la méthylènetétrahydrofolate réductase. Ce gène contrôle la production de l’enzyme MTHFR, cette enzyme qui transforme une forme de folate (5,10 méthylène THF) en une autre forme (méthyl THF), qui est la forme circulante principale.
UN gène à risque pour les mères
La MTHFR intervient pour convertir l’homocystéine en méthionine, un acide aminé indispensable contenu dans de nombreuses protéines. C’est d’ailleurs un des gènes qui semble impliqué dans l’interaction révélée par les études. Les mères d’enfants autistes sont 4.5 fois plus à risque d’avoir la variante du gène MTHRF 677 TT. Également, elles rapportent plus souvent ne pas avoir pris de suppléments prénataux durant la période de préconception.(3). C’est l’un des gènes impliqués mais ce n’est pas le seul. Mais les personnes ayant cette mutation absorbe moins l’acide folique et cette mutation est plus répandue qu’on le croyait à priori tant chez les adultes que les enfants, allant jusqu’à 3 personnes sur 5. Les personnes avec ce gènes doivent utiliser un supplément d’acide folique dans sa forme active, préformé, qui s’appelle le Tetra-hydrofolate.
En conclusion
L’alimentation figure donc parmi l’une des causes possibles environnementales de l’autisme. L’étude CHARGE, encore en cours, nous en dira plus sur les risques environnementaux dans leur ensemble, dans l’espoir de mieux prévenir. En attendant, nous ne pouvons pas vivre dans une bulle…les risques environnementaux sont partout et difficiles à quantifier. Mais nous savons maintenant que la prise de suppléments prénataux est un geste concret pour réduire l’incidence de l’autisme. L’acide folique est donc un nutriment dont on n’entendra probablement beaucoup parler dans le futur.
En savoir plus sur la nutrigénomique
Article par Marie-France Lalancette, auteure du Livre Autisme et Alimentation, relever le défi une bouchée à la fois, aux éditions Le Dauphin Blanc, 2017.
References:
Pour en savoir plus sur l’étude CHARGE et suivre ses résultats: http://beincharge.ucdavis.edu/
(2)JAMA. 2013;309(6):570-577 Association Between Maternal Use of Folic Acid Supplements and Risk of Autism Spectrum Disorders in Children Suren P et coll
(3)Rebecca J. Schmidt, Robin L. Hansen, Jaana Hartiala, Hooman Allayee, Linda C. Schmidt, Daniel J. Tancredi, Flora Tassone, Irva Hertz-Picciotto. Prenatal Vitamins, One-carbon Metabolism Gene Variants, and Risk for Autism. Epidemiology, 2011; DOI: 10.1097/EDE.0b013e31821d0e30
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