Des fruits qui ont du goût, est-ce encore possible?
Etes-vous toujours déçu par vos fruits? C’est inquiétant: les fruits vendus sur les tablettes n’ont plus de goût ! Comment en est-on arrivés là ?
Le beau et le gros au lieu du goût
Les fruits et légumes de formes parfaites sont devenus possibles grâce à la technologie alimentaire, et ils se sont introduits sans difficulté dans nos réfrigérateurs. Quelques décennies plus tard, la consommation de ces produits insipides à force de privilégier le ‘look’ (et la grosseur) est devenue pratiquement une habitude. Plus personne ne s’attend à être épaté par le goût d’un fruit ou d’un légume, car nous n’avons pas de point de comparaison avec le vrai goût de ces joyaux de la nature. Que de lointains souvenirs d’enfance…De sorte que, malgré que nous n’arrêtons pas de sensibiliser les gens aux rôles des végétaux dans la prévention de la maladie, la consommation de fruits et légumes est encore insuffisante. Bien difficile, même pour les nutritionnistes, d’encourager quelqu’un à manger quelque chose pour santé seulement, sans que le goût ne soit au rendez-vous.
Heureusement quelques petits producteurs militants n’abandonnent pas le combat. Il est grandement temps de les encourager car les effets sur notre santé, et les prochaines générations, sont réels.
Depuis les années 50, des chercheurs mesurent le contenu nutritionnel et constatent que pour obtenir la même quantité de vitamine A que dans une pêche de cette époque, il faudrait en manger beaucoup plus ! Ce n’est pas un combat récent: Une étude canadienne faisant des vagues en 2002 portait sur le taux de vitamines contenu dans 25 fruits et légumes sélectionnés et concluait que environ 80% des végétaux testés avaient subi une diminution dangereuse de leurr teneur en calcium et en fer. La pomme de terre n’aurait plus la même vitamine A et ni la vitamine C, entre autres. En 2007, len rapport du World Watch Institute sonnera l’alarme également.
Mais nous savons les causes. La production industrialisée a tout fait basculer. Revenons aux solutions. Comment peut-on déguster, en 2018, des fruits et légumes qui en valent la peine?
Manger local et selon les saisons
Ce qui détériore la qualité, c’est quand un aliment est transporté, ou pousse dans des conditions contre-nature. L’industrie doit utiliser des stratégies pour contourner ces problèmes. Se passer de bleuets sauf en juillet-août… Sommes-nous prêts à faire ce sacrifice? Heureusement, la congélation peut parfois dépanner. L’art de la conserverie serait à recourtiser. Mais il faut avouer que nous nous sommes habitués à miser sur la variété et la quantité, pas sur la qualité.
La question de l’apparence est également importante. Sommes-nous prêts à choisir un fruit ou légume imparfait, même en sachant qu’il est savoureux? Et à ne pas se laisser influencer par des ‘rabais’ sur des fruits qui semblent bons en dehors, mais qui finissent au poubelle tellement le goût est décevant? Bien des remises en question s’imposent si nous voulons faire évoluer les choses vers l’alimentation durable.
Se tourner vers une alimentation plus respectueuse de l’environnement, du cycle des saisons et se rapprochant de ce que faisaient nos arrières grands-pères dans leurs champs est une alternative sensée. Il y a des agriculteurs autour des villes qui sont responsables et qui n’attendent que nous pour les visiter. Il y a les paniers équitables. Et il y a le jardinier qui sommeille en chacun de nous, et de nouvelles façons de renouer avec sa communauté, comme par exemple des initiatives comme »Troc ton jardin », ou les citoyens peuvent échanger leur récolte. Le gros bon sens.
Mais il y a aussi la science. La maturation des fruits est un processus génétiquement programmé. Cela modifie en cours de route le fruit tant au niveau de sa couleur, de sa texture et de sa saveur mais lui confère aussi sa valeur nutritiive. Les fruits sont donc divisés en deux groupes selon leur mécanisme de maturation: les fruits « climactériques » et les fruits « non climactériques ».
Comprendre la maturation naturelle des fruits
Les fruits climactériques ont la possibilité de mûrir, même après la cueillette. Et oui, certains fruits comme la banane, la pêche… continueront de mûrir chez vous. Acheter des bananes « vertes », est une bonne chose. Vous pourrez en manger toute la semaine! Leur maturation s’accompagne d’une augmentation de la respiration (dans la mitochondrie), ce qui stimule la production d’éthylène, et le rendant non seulement plus sucré, mais plus digeste. C’est l’amidon qui se transforme en sucres simples, agréables au goût et facilement assimilable.
Les fruits climactériques les plus connus sont: la banane, la pomme, les kiwis, les pêches, le kaki, l’avocat, la tomate. Vous pouvez les acheter pas complètement murs sans que cela ne porte à conséquence.
Mais une orange verte, oubliez-ça! Elle fait partie des fruits non-climactériques. Comme vous l’avez sûrement compris, les fruits non-climactériques sont à l’inverse, des fruits qui ne mûriront pas après la cueillette, car la maturation de ces fruits se fait à 100% sur l’arbre. La suite n’est que pourriture. Leur saveur sucrée passera à une forme de glucides de moins en moins sucrée. Les plus communs sont les agrumes, l’ananas, les fraises, les framboises, les cerises, les olives, le concombre, les melons (mais pas tous les melons).
C’est donc une question également de connaissance. Ne vous laissez pas passer des vessies pour des lanternes! Si un commerçant vous affirme que ses fraises seront parfaites après deux 2 jours sur votre comptoir, vous saurez qu’il n’est pas compétent! Et donc loin de l’agriculture responsable.
Lorsque vous allez directement au producteur, vous rencontrez des gens qui sont près de la Terre et qui sont fiers de leurs produits. Des dictionnaires ambulants sur la culture vivrière, amassée au fil des années d’expérience et transmises de génération en génération. Si vous n’avez jamais fait le détour, vous n’avez pas de point de comparaison, c’est bien certain. Et vous n’avez donc aucune attente envers vos fruits et légumes.
C’est comme aller en voyage. Si vous goûtez seulement une fois à une ananas ou un avocat du Bénin, vous ne pourrez plus manger l’ananas à rabais ou le minuscule avocat insipide. Aller à la ferme, c’est comme faire un voyage. Sans le billet d’avion! La rééducation de nos pratiques commence par là, et il est impératif de redonner à nos enfants l’expérience du ‘Bon’ fruit et légume, car si on se limite aux grandes surfaces, ils n’en goûteront jamais!
Faites un premier pas éco-responsable qui vous mettra sur la piste des saveurs maintenant: Informez-vous sur les paniers équitables de voter quartier. Visitez le site Troc Ton jardin et voyez ce que des villes éco-responsables sont en train de bâtir pour une alimentation durable. Des initiatives collectives qui méritent de devenir des habitudes!